L’association Eau Z’Enfants, en partenariat avec la Fondation groupe EDF, a entrepris une action remarquable pour aider les habitants de villages reculés de Guinée à accéder à une eau saine. Grâce au mécénat de la Fondation EDF, nous avons financé et installé des pompes solaires sur plusieurs forages construits dans le cadre du projet « 50 forages en Guinée ».
Nous vous invitons à découvrir les constructions réalisées pour les villages de Horé Bowai et Télédjouté qui ont nécessité une infrastructure particulière. Au-delà de la prouesse technologique conduite avec le soutien de la Fondation EDF, c’est aussi une formidable aventure humaine, alliant solidarité, modernité et écologie, que nous vous partageons dans cet article.
L'eau, un enjeu majeur pour les villages reculés de Guinée
Nous ne cessons de le rappeler, mais malgré l’abondance des ressources en eau, l’accès à l’eau potable est depuis de trop nombreuses années un défi majeur pour la Guinée :
- + de 50 % de la population guinéenne n’a pas accès à une eau saine ;
- Le manque d’accès à de l’eau potable expose les habitants à des risques sanitaires accrus : selon l’OMS, une eau contaminée est un vecteur de transmission de maladies telle que le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la fièvre typhoïde et la poliomyélite ;
- L’accès difficile à l’eau a une incidence directe sur le taux d’absentéisme scolaire.
En effet, il faut savoir que dans les villages sans accès ou avec un accès difficile à l’eau, les femmes et les enfants sont souvent chargés de la corvée d’eau, ce qui entraîne un taux d’absentéisme scolaire élevé :- En Guinée, seul 58 % des enfants vont à l’école primaire ;
- Le taux d’alphabétisation des 15/24 ans est de 31 %.
Le projet « 50 forages en Guinée » imaginé par l’association Eau Z’Enfants et soutenu par la Fondation groupe EDF a été lancé en mars 2022 avec un objectif clair : fournir de l’eau potable à 50 villages reculés dépourvus d’accès à une eau propre à la consommation.
La genèse du projet « 50 forages en Guinée »
Pour concrétiser cet objectif, il était nécessaire de sélectionner des points d’eau à proximité des villages, de forer, de puiser, de stocker l’eau dans des châteaux-d’eau et enfin d’assurer la pérennité des sites.
L’identification des villages
L’identification des villages a été réalisée par notre équipe locale en tenant compte de plusieurs critères :
- Le nombre d’enfants concernés ;
- La distance d’accès aux points d’eau accessible ;
- La difficulté d’accès aux points d’eau ;
- Le nombre de villageois concernés.
Si tous ces critères sont fondamentaux, au sein de l’association, nous considérons que le nombre d’enfants impactés est primordial.
Trouver l’accès à l’eau
Pour trouver l’accès à l’eau, l’association a fait appel à un hydrogéologue et à un foreur : le premier détermine les zones idéales où l’eau est susceptible d’être présente et le second évalue l’accessibilité du site avec son camion. Situer la profondeur de la nappe phréatique par des travaux de forage est un exercice complexe, mais capital, car il permet de déterminer la puissance du moteur nécessaire pour alimenter la pompe à eau.
Sous la supervision de l’hydrogéologue, une coupe technique est tout d’abord réalisée lors du forage, pour ensuite placer la pompe à une profondeur optimale. L’objectif étant que la pompe puisse être idéalement placée : ni trop haut afin de s’assurer que la pompe puisse pomper suffisamment d’eau dans la durée, ni trop bas afin de ne pas puiser un excès de sédiments rocheux.
L’installation des pompes à eau
Une fois l’emplacement du forage déterminé, il convient de préparer le site. La zone de pompage doit être dégagée et nivelée : les arbres, les rochers et tous les autres obstacles doivent être enlevés. Ce travail a très souvent été réalisé avec l’aide des villageois. Par la suite, une machine réalise le forage, puis insère un tuyau qui va empêcher les parois de s’effondrer. Enfin, on installe la pompe pour extraire l’eau depuis la nappe phréatique.
Dans le cadre du projet « 50 forages en Guinée », la dotation des pompes à eau installées dans les villages a suivi la répartition ci-dessous :
- des pompes à eau électriques, munies d’un château d’eau, pour les villages disposant d’un accès au réseau électrique ;
- des pompes à eau manuelles PMH (pompe à motricité humaine) pour les villages sans accès au réseau électrique et avec une disponibilité de l’eau permettant un pompage manuel… Un peu comme dans « La petite maison dans la prairie », vous voyez ?😀
Le fonctionnement des pompes
Les pompes, qui sont alimentées par l’énergie électrique, sont reliées à un château d’eau, d’une capacité de 3 000 litres, lui-même raccordé à une rampe avec un ou plusieurs robinets.Au quotidien, le système mis en place doit permettre à un village de 400 à 600 habitants de subvenir à leurs besoins en eau potable.
Zoom sur les villages de Horé Bowal et Télédjouté : une initiative solaire pour l’eau
Néanmoins, parmi les 50 villages, notre équipe locale a rencontré un véritable défi logistique, avec les villages de Horé Bowal et Télédjouté.
Situés dans la région du Fouta, ces deux villages sont isolés, difficiles d’accès car nichés dans les montagnes et sans connexion au réseau électrique. Le point d’eau le plus proche se situe entre 2 et 3 km. Pour subvenir à leurs besoins, les habitants n’ont pas d’autres choix que de s’approvisionner en eau chaque matin et chaque soir… Pas évident de porter un bidon de 20 litres sous 35 degrés.
La configuration particulière de ces deux villages fait que la profondeur des nappes phréatiques était particulièrement élevée. Accessible à plus de 120 mètres de profondeur, l’accès à l’eau ne pouvait pas être envisagé par un puisage manuel.
Pour faire face à cette problématique, les équipes ont eu l’idée lumineuse de s’appuyer sur des panneaux solaires pour assurer le fonctionnement de la pompe électrique. Ce challenge nécessitait néanmoins des fonds et une expertise métier importants. Notre association a alors déposé un projet auprès de la Fondation groupe EDF, qui a été sélectionné. La conduite des travaux a été menée en collaboration avec Bilaré Groupe Services, expert guinéen de l’énergie et du pompage solaire en Guinée. Ce prestataire guinéen est spécialisé en équipement de panneaux solaires sur les pompes.
Les panneaux solaires reposent sur 8 structures et sont tournés vers le sud. Notre prestataire a sélectionné des matériaux qui nécessitent le moins de maintenance possible. Les panneaux solaires ont une durée de vie pouvant aller jusqu’à 25 ans.
Sans le soutien de la Fondation groupe EDF, l’association Eau Z’Enfants n’aurait jamais pu s’engager à aider les villages de Horé Bowal et Télédjouté.
Le soutien de la Fondation EDF
La Fondation Groupe EDF soutient depuis de nombreuses années l’accès à l’électricité pour de nombreuses actions associatives dans le cadre de projets d’accès à l’eau, à l’éducation et à la santé.
Un mécénat financier
Le projet porté par la volonté de ne pas mettre de côté les deux villages de Horé Bowal et Télédjouté a été déposé auprès de la Fondation EDF à l’initiative de Franck, l’un de nos bénévoles en charge des projets, et de son équipe. Le projet fut retardé suite à des problèmes sanitaires en Afrique avec le COVID qui bloquait toutes les initiatives.
En janvier 2023, la Fondation EDF vérifie la faisabilité du projet en se rendant sur place. En avril 2023, le dossier est validé par la commission de la Fondation qui sélectionne le projet.
Un mécénat de compétences
Bien plus qu’un partenaire financier, la Fondation Groupe EDF a également apporté une expertise métier par la mise en relation avec des prestataires spécialisés dans l’installation de cellules photovoltaïques. Ce mécénat de compétences s’est également renforcé par le soutien de Benoît Camara, expert en énergie solaire.
L'impact de l'eau saine sur la vie des habitants de Horé Bowal et Télédjouté
Pour chaque village associé au projet, notre objectif était de mettre à disposition des habitants une eau saine et potable puisée directement dans la nappe phréatique.
Cet accès direct à une eau potable contribue directement :
- À diminuer la propagation des maladies liées à l’absorption ou le contact d’une eau de mauvaise qualité, voire impropre à la consommation ;
- À la fin de la corvée d’eau pour les femmes et les enfants ;
- À la réduction de l’absentéisme scolaire pour les enfants puisqu’encore une fois, la corvée d’eau est la première cause d’absentéisme scolaire ;
- À la possibilité de développer de nouvelles activités de culture et d’élevage.
Faciliter et sécuriser l’accès à une eau propre à la consommation modifie indiscutablement la vie des enfants et des villageois. Pour beaucoup, c’est presque le début d’une nouvelle vie.
Les anecdotes les plus marquantes d’une aventure humaine
La distribution de l’eau change irrémédiablement le quotidien des villageois en améliorant grandement leurs conditions de vie.
L’eau, la clé d’un avenir durable
Ce changement peut difficilement être imaginable pour toutes les personnes habituées à nos modes de vie. Franck, notre bénévole responsable du projet « 50 forages en Guinée » était sur place lors de l’installation des pompes solaires et il témoigne lui-même de l’étrange sentiment qui habitait l’ensemble des villageois présent lors du premier essai de pompage : « Quand ils ont enclenché la pompe, il a fallu attendre 4 à 5 minutes avant que l’eau ne remonte les 100 mètres jusqu’à la surface. Les villageois étaient dans un état… Et quand l’eau s’est mise à jaillir toute seule, ils étaient incroyablement heureux ».
La mise à disposition d’un point d’eau à proximité du village a un impact incroyable en terme de qualité de vie, mais également en terme de développement des ressources du village. Dès que l’accès à l’eau potable est viable, le village se réorganise et, pour citer l’exemple de Horé Bowal, tous les villageois ont réaménagé le site de pompage : ils se sont littéralement réappropriés la place pour en faire un lieu de vie.
L’eau, vecteur de développement et porteuse d’espérance
Avant que l’une des pompes ne soit enclenchée, Franck a rencontré un villageois qui s’est confié à lui et lui a raconté que l’un de ses rêves était d’avoir une vache. Mais, toujours selon lui, « une vache ça boit un bidon et demi d’eau par jour ». Pour lui, l’unité de mesure était le bidon d’eau. Comment se développer, se projeter si l’on éprouve les plus grandes peines du monde à satisfaire les besoins de sa propre famille ?
Tout aussi émouvant, dès que l’eau s’est mise à jaillir, certains villageois commençaient déjà à dessiner, à même le sol, le futur plan d’un abreuvoir pour le bétail. D’un coup, des possibilités de développement s’offrent aux villageois. Un futur plus radieux devient imaginable avec du soleil, de l’eau et beaucoup de solidarité.
L'eau pour toutes et tous : un engagement ancré dans la pérennité et l’autonomisation des villageois
C’est dans ces moments que l’on comprend que, plus que jamais, l’eau, c’est la vie. Mais de telles actions ne prennent réellement de sens qu’à la condition de permettre aux villageois de ne pas être dépendants. Les initiatives solidaires doivent impérativement s’inscrire dans la durabilité et l’autonomisation des villageois.
Il est aussi bon de rappeler que pour chaque action financée, la Fondation groupe EDF demande la mise en place d’un comité de gestion dans les villages. Pour assurer la pérennité du dispositif, chaque village doit nommer :
- un responsable de l’infrastructure qui veille sur l’intégrité du site et des équipements ;
- un trésorier pour gérer les cotisations des villageois en cas de panne ou de tout aléas ;
- un responsable qui veille à l’hygiène du site et de l’eau. A ce titre, nous avons déployé sur place pour chaque village une formation spécifique afin de s’assurer que les bonnes pratiques se transmettent dans le temps.
Naturellement, nous continuons à suivre chacun de nos projets grâce à notre équipe locale qui constitue un relais indispensable.